Avant de rentrer dans le sujet qui nous intéresse, je voudrais cependant faire deux ou trois remarques préalables :
- j'avais des ambitions bien plus vastes avant le départ : je voulais aussi faire le retour par le sud de la Suède, le Danemark, l'Allemagne du Nord et retrouver le chemin de l'aller. Ces ambitions ont été progressivement rognées par le chemin, la pluie et le vent et parce que je m'étais bêtement trompé sur les distances à parcourir, ne serait-ce que pour l'aller simple que j'avais estimé à 2400 kilomètres : il a fallu rajouter 1000 de plus ! En fait, ce fut notre parcours du retour, bouclé en voiture en moins de 24 heures !
-
les villes et les routes changent de dimension, surtout dans les pays
en plein développement économique et qui ne disposent pas, comme la
France, d'un réseau routier très diversifié. J'exclue de cette réflexion
la Hollande, l'Allemagne et la Belgique où il sera toujours agréable de
s'y promener à vélo, parce que les gens de ces pays ont cela dans leurs
gènes. Dans les autres pays que nous avons traversés, les petites
villes sont devenues grandes, les petites routes se sont élargies et les
grandes routes ressemblent à des autoroutes, fréquentées par de
nombreuses voitures et autant de camions! Je crois qu'il sera de plus en
plus difficile d'effectuer un voyage tel que celui que nous venons de
faire, sauf à emprunter les quelques chemins balisés pour les vélos tels
que les "eurovélos", exigeant des distances plus longues pour éviter
les inconvénients cités, mais, sans doute, plus jolis et plus
touristiques.
- la technologie de l'information change les
comportements : le téléphone avec internet incorporé, les capteurs
solaires sur le porte-bagages arrière ( nous avons rencontré un
cycliste ainsi équipé) qui le chargent permet un meilleur guidage pour
sortir ou entrer dans une ville, pour trouver un logement, une station
service pour se restaurer. Cette technologie vient compenser les cartes
papier classiques (bien que parfois...! elles soient bien utiles), mais surtout la méconnaissance
par les locaux des lieux où ils habitent; pourquoi d'ailleurs "savoir",
puisque le téléphone peut leur donner le renseignement.
Ceci
dit, mes ambitions étant rognées, cette aventure fut complètement
différente des deux précédentes, car cette fois, nous partions à deux et
avec deux vélos différents. Je ne connaissais pas vraiment mon camarade
d'équipée, sauf pour l'avoir rencontré et un peu côtoyé en d'autres
lieux où on parle plus d'économie que de vélo : j'ai alors apprécié sa
détermination, son courage, sa confiance en l'avenir, sa vision du monde
et bien d'autres qualités qui pouvaient se cacher derrière cette forte
personnalité et qui nous ont bien servi pendant l'aventure pour avancer.
Mais de là à le vivre au quotidien et parfois dans une certaine
intimité, toute relative par ailleurs, on devait faire un grand pas
chacun... Cela s'est fait naturellement : la volonté d'aboutir, la bonne
volonté tout court, une certaine complémentarité qui est devenue rapidement une
complémentarité certaine, l'humour sur soi et autres caractéristiques
ont fait que la mayonnaise a pris, que l'attelage a fonctionné, très
bien fonctionné. C'était cependant un risque non évalué au départ.
Mon
vélo est toujours le même : cette fois je ne l'ai pas fait parler comme dans mon livre ( le même titre que le blog),
puisque j'avais un interlocuteur permanent à mes côtés. Alain, lui,
roulait avec un vélo à assistance électrique originale : il roulait bien
sûr plus vite que moi, surtout dans les côtes, et devait régulièrement
m'attendre, lui laissant ainsi le loisir de répondre aux nombreuses
sollicitations de ses amis.
J'aurais
dû mettre à jour le blog régulièrement, mais je n'en ai eu que rarement
la possibilité : ce long texte remplace ce manque. Pour le compléter,
cher lecteur, vous pouvez aussi aller sur le blog d'Alain :
http//: alainglonavelo-overblog
Voilà
le décor posé le 13 Juin, jour de mon départ d'Irai dans l'Orne où je
fêtais les soixante-dix ans d'un ami et où Alain m'avait rejoint la
veille, arrivant, lui, du Morbihan à vélo, les pays traversés, quelques
chiffres et les étapes du parcours
- Belgique, Hollande, ex Allemagne de l'Ouest, ex- Allemagne de l'Est, Pologne, Lituanie, Lettonie et Estonie
-
3033 kilomètres pour moi, du 13 Juin au 8 Juillet, 23 jours pour la
partie vélo, un jour de bus, une demi-journée en train et un peu de
tourisme... 132 kilomètres par jour.
- Irai- Rouen, France, Auberge de jeunesse... et du voyageur
- Rouen - Eu/Le Tréport, France, AJ- Eu - Boulogne, France, AJ
- Boulogne - Dixmude, Belgique, B and B
- Dixmude - Mechelen, Belgique, AJ
- Mechelen -Woert, Hollande, Hôtel
- Woert - Arnhem, Hollande, AJ
- Arnhem - Bad Bentheim, Allemagne, AJ
- Bad Bentheim - Rodinghausen, Hôtel (AJ fermée)
- Rodinghausen - Lauenburg, Allemagne, AJ
- Lauenburg - Lubeck, Allemagne, AJ
- Lubeck - Wismar, Allemagne, AJ
- Wismar - Greinswald, Allemagne, AJ
- Greimswald - Wiselka, Pologne, Habitant
- Wiselka - Mielo, Pologne, Habitant
- Mielo - Smoldzine, Pologne, Hostel
- Smoldzine - Gdynia/Gdansk, camping sauvage
- Gdansk - Orszyzs, Pologne, Hôtel, (train)
- Orszysz- Biskupiec, Pologne, Hostel
- Biskupiec - Suwalki, Pologne, Hôtel
- Suwalki - Kaunas, Lituanie, Hôtel
- Kaunas - Riga, Lettonie, Hôtel, (bus)
- Riga - Haademeeste, Estonie, Habitant
- Haademeeste - Rapla, Estonie, Hostel
- Rapla - Tallin, Estonie, Bateau
J'avais
convaincu Alain que l'utilisation des auberges de jeunesse ... et du
voyageur pouvaient convenir à des voyageurs comme nous, avec parfois ses
inconvénients (dortoir) mais aussi ses avantages en matière de prix, de
lit, de petit-déjeuner et, parfois, de repas du soir, notamment en
Allemagne...à condition d'arriver bien avant 18 heures, ce qui n'était
pas toujours notre cas. Une "Hostel" est un logement qui ressemble à une
auberge de jeunesse avec aussi ses lits à étage en dortoir, sans en porter le nom, avec en sus un lit "fait"
et des serviettes de toilette, mais un accueil limité au minimum, juste
le temps d'enregistrer et de payer.
Dans ce qui va suivre, je ne vais pas faire un compte-rendu in extenso du voyage, mais je relate quelques moments "forts" et quelques anecdotes qui ont ponctué notre voyage.
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