- le passage de l'Elbe
: Sans doute une frontière naturelle : il y a sur ses bords de larges
espaces inhabités, un peu comme les bords du Danube longeant l'ex-rideau
de fer. C'est un large fleuve, calme ce soir sous un splendide coucher
de soleil. Par contre, les rues de Lauenburg rappellent l'Allemagne de
l'Est : les pavés sont grossiers, disjoints et mal arrondis, mais ils
sont de plusieurs couleurs, ce qui leur donne un certain charme malgré
tout. Il est impossible d'y rouler à vélo. L'auberge a depuis longtemps
fermé son restaurant : nous retournons vers le port pour dîner dans un
restaurant tenu par un français. Moment un peu divin, à l'ombre de la
statue du "crieur", celui qui hélait les voyageurs qui étaient de
l'autre côté du fleuve...lorsque le téléphone n'existait pas.
- mes "trouilles"
: - on roule sur une belle route, mais il y a quelques camions qui y
circulent. Alain est loin devant. J'entends derrière moi le bruit d'un
camion qui s'approche et qui, visiblement, a l'intention de me doubler,
bien lancé dans une courbe descendante. Mais une voiture arrive en face,
il s'en rend compte un peu tard. Un énorme bruit de coup de frein
juste dans mon dos, les pneus glissent sur le macadam et je sens
immédiatement l'odeur de la gomme brûlée : j'appuie immédiatement et par
réflexe sur les pédales pour m'éloigner de la zone dangereuse dans la
mesure de mes possibilités ; je n'ai rien vu, mais entendu et senti!
- sortie de Suwalki : on prend la direction de Kaunas et je fais
remarquer à Alain les séries de camions à la queue leu leu et qui vont
dans la même direction que nous. La bande d'arrêt d'urgence est correcte
au début, mais se rétrécit progressivement au point de quasiment
disparaître par endroits, remplacée par une petite zone goudronnée avec
un revêtement de peinture blanche bosselée qui secoue rudement le guidon
et les bras et, au centre de la route, une zone peinte en rouge qui
crée un bruit infernal quand les roues des camions passent dessus pour
nous doubler. Alain est plus intrépide que moi, mais cette situation me
rappelle de mauvais moments en Turquie. Cela ne dure pas et nous
finissons par arriver à Kaunas, non sans avoir emprunté une camionnette
pour nous mener vers une route plus calme. Jean Paul et Brigitte
viennent à notre rencontre et nous confirment que les routes vers Riga
présentent encore de tels passages : après réflexion, demain nous irons
en bus jusqu'à Riga. Pendant le trajet, j'essaye de convaincre Alain de
continuer en
bus : à l'hôtel, l'hôtesse nous confirme qu'il y a une piste cyclable
qui va de Riga à Parnu; elle "casse ma baraque" et je dois m'incliner;
mais le lendemain, je
n'ai pas vu de piste cyclable, mais c'est vrai qu'il y avait de la place
pour les vélos sur la bande d'arrêt d'urgence.
- chemins non identifiés sur la route
: Ah ce téléphone ! Et les routes qu'ils nous propose, tant pour les
marcheurs que pour les voitures! Cette fois, c'est l'option marcheur qui
nous guide. Après avoir regonflé pour le nième fois la roue arrière du
vélo d'Alain avec le gonfleur d'un autochtone sollicité, on
hésite à prendre un chemin non goudronné...peu avenant, au demeurant.
J'interpelle une dame sur le pas de la porte d'une ferme délabrée et lui
demande si nous sommes dans la bonne direction : elle me fait un signe
de la main, sans parler, mais le geste indique clairement que c'est
"tout droit" par ce chemin. Je ne saurai jamais si
c'était sincère ou si elle voulait tout simplement se débarrasser de
nous. C'est un chemin de charrette, quasiment impraticable, raviné,
caillouteux, glissant, encombré de branches d'arbres tombées après le
dernier et récent orage. Il fait froid et humide...mais , après
plusieurs
kilomètres, on finit par trouver une route "normale".
- sortie de Lubeck
: Ce n'est pas une mégalopole et pourtant. Malgré l'aide du téléphone,
nous avons roulé toute le matinée...pour nous retrouver à un carrefour
où nous sommes passés la veille avant de rentrer dans la ville. Il nous
faudra revenir sur nos pas : zones industrielles, passages souterrains
avec escaliers pour traverser une grande route interdite aux vélos, chemin forestier, pour
enfin déboucher sur une route qu'on allait prendre en direction
de...Lubeck; heureusement , une joggeuse nous remettra dans la bonne
direction. Le téléphone avait encore perdu la boussole.
- les autres cyclistes rencontrés
: - arrivés au centre ville d'Arnhem, après avoir passé le fameux pont
("trop loin!") avec sa casemate historique et roulé sur une digue pendant plusieurs
kilomètres. Faute d'adresse indiquée, le téléphone nous a guidé vers le
centre du centre ville, comme il sait le faire. On interroge des passants avec la vraie adresse
de l'auberge. Une jeune fille à vélo nous aperçoit et s'arrête : elle
nous propose de nous accompagner vers l'auberge : elle habite là et
connaît bien la ville visiblement. Elle arrive d'un petit voyage à vélo
avant de reprendre le travail demain : elle a donc un bon coup de pédale, nettement meilleur que le mien,
et seul Alain arrive vraiment à la suivre, car ça monte.
- un couple d'allemands se rend à Moscou à vélo en suivant les bandes
d'arrêt d'urgence des grandes routes par sécurité. On fait route ensemble pendant
quelques dizaines de kilomètres.
-
On rencontre un russe, sans doute qualifié ainsi par nous par son
habillement et son équipement, et tout son barda sur son vélo, un
barda antique et volumineux, tels qu'on pouvait en utiliser il y a
maintenant quelques années : on rigole en le voyant passer, ... lui
aussi,
mais il continue tranquillement son chemin. Un passage dans un magasin
de sport lui aurait réduit les volumes de moitié.
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