vendredi 15 juillet 2016

les aventures vers Tallin


- le passage de l'Elbe : Sans doute une frontière naturelle : il y a sur ses bords de larges espaces inhabités, un peu comme les bords du Danube longeant l'ex-rideau de fer. C'est un large fleuve, calme ce soir sous un splendide coucher de soleil. Par contre, les rues de Lauenburg rappellent l'Allemagne de l'Est : les pavés sont grossiers, disjoints et mal arrondis, mais ils sont de plusieurs couleurs, ce qui leur donne un certain charme malgré tout. Il est impossible d'y rouler à vélo. L'auberge a depuis longtemps fermé son restaurant : nous retournons vers le port pour dîner dans un restaurant tenu par un français. Moment un peu divin, à l'ombre de la statue du "crieur", celui qui hélait les voyageurs qui étaient de l'autre côté du fleuve...lorsque le téléphone n'existait pas.
 

- mes "trouilles" :  - on roule sur une belle route, mais il y a quelques camions qui y circulent. Alain est loin devant. J'entends derrière moi le bruit d'un camion qui s'approche et qui, visiblement, a l'intention de me doubler, bien lancé dans une courbe descendante. Mais une voiture arrive en face, il s'en rend compte un peu tard. Un énorme bruit  de coup de frein juste dans mon dos, les pneus glissent sur le macadam et je sens immédiatement l'odeur de la gomme brûlée : j'appuie immédiatement et par réflexe sur les pédales pour m'éloigner de la zone dangereuse dans la mesure de mes possibilités ; je n'ai rien vu, mais entendu et senti!
                           - sortie de Suwalki : on prend la direction de Kaunas et je fais remarquer à Alain les séries de camions à la queue leu leu et qui vont dans la même direction que nous. La bande d'arrêt d'urgence est correcte au début, mais se rétrécit progressivement au point de quasiment disparaître par endroits, remplacée par une petite zone goudronnée avec un revêtement de peinture blanche bosselée qui secoue rudement le guidon et les bras et, au centre de la route, une zone peinte en rouge qui crée un bruit infernal quand les roues des camions passent dessus pour nous doubler. Alain est plus intrépide que moi, mais cette situation me rappelle de mauvais moments en Turquie. Cela ne dure pas et nous finissons par arriver à Kaunas, non sans avoir emprunté une camionnette pour nous mener vers une route plus calme. Jean Paul et Brigitte viennent à notre rencontre et nous confirment que les routes vers Riga présentent encore de tels passages : après réflexion, demain nous irons en bus jusqu'à Riga. Pendant le trajet, j'essaye de convaincre Alain de continuer en bus : à l'hôtel, l'hôtesse nous confirme qu'il y a une piste cyclable qui va de Riga à Parnu; elle "casse ma baraque" et je dois m'incliner; mais le lendemain, je n'ai pas vu de piste cyclable, mais c'est vrai qu'il y avait de la place pour les vélos sur la bande d'arrêt d'urgence.

- chemins non identifiés sur la route : Ah ce téléphone ! Et les routes qu'ils nous propose, tant pour les marcheurs que pour les voitures! Cette fois, c'est l'option marcheur qui nous guide. Après avoir regonflé pour le nième fois la roue arrière du vélo d'Alain avec le gonfleur d'un autochtone sollicité, on hésite à prendre un chemin non goudronné...peu avenant, au demeurant. J'interpelle une dame sur le pas de la porte d'une ferme délabrée et lui demande si nous sommes dans la bonne direction : elle me fait un signe de la main, sans parler, mais le geste indique clairement que c'est "tout droit" par ce chemin. Je ne saurai jamais si c'était sincère ou si elle voulait tout simplement se débarrasser de nous. C'est un chemin de charrette, quasiment impraticable, raviné, caillouteux, glissant, encombré de branches d'arbres tombées après le dernier et récent orage. Il fait froid et humide...mais , après plusieurs kilomètres, on finit par trouver une route "normale".

- sortie de Lubeck : Ce n'est pas une mégalopole et pourtant. Malgré l'aide du téléphone, nous avons roulé toute le matinée...pour nous retrouver à un carrefour où nous sommes passés la veille avant de rentrer dans la ville. Il nous faudra revenir sur nos pas : zones industrielles, passages souterrains avec escaliers pour traverser une grande route interdite aux vélos, chemin forestier, pour enfin déboucher sur une route qu'on allait prendre en direction de...Lubeck; heureusement , une joggeuse nous remettra dans la bonne direction. Le téléphone avait encore perdu la boussole.

- les autres cyclistes rencontrés : - arrivés au centre ville d'Arnhem, après avoir passé le fameux pont ("trop loin!") avec sa casemate historique et roulé sur une digue pendant plusieurs kilomètres. Faute d'adresse indiquée, le téléphone nous a guidé vers le centre du centre ville, comme il sait le faire. On interroge des passants avec la vraie adresse de l'auberge. Une jeune fille à vélo nous aperçoit et s'arrête : elle nous propose de nous accompagner vers l'auberge : elle habite là et connaît bien la ville visiblement. Elle arrive d'un petit voyage à vélo avant de reprendre le travail demain : elle a donc un bon coup de pédale, nettement meilleur que le mien, et seul Alain arrive vraiment à la suivre, car ça monte. 
                                                   - un couple d'allemands se rend à Moscou à vélo en suivant les bandes d'arrêt d'urgence des grandes routes par sécurité. On fait route ensemble pendant quelques dizaines de kilomètres.
                                                   - On rencontre  un russe, sans doute qualifié ainsi par nous par son habillement et son équipement, et tout son barda sur son vélo, un barda antique et volumineux, tels qu'on pouvait en utiliser il y a maintenant quelques années : on rigole en le voyant passer, ... lui aussi, mais il continue tranquillement son chemin. Un passage dans un magasin de sport lui aurait réduit les volumes de moitié.

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