- l'arrivée à Bad Bentheim en Allemagne :
c'est une petite ville avec une auberge de jeunesse à une distance qui
correspondait à notre parcours, même si nos ambitions fussent auparavant
bien
plus grandes. Avant d'y parvenir, le téléphone d'Alain nous avait guidé
sur de chemins non goudronnés et, finalement, sur un sentier où passe
la frontière entre l'Allemagne et la Hollande. Un peu comme des
contrebandiers, on passe cette ligne imaginaire. Il se met à pleuvoir de
plus en plus fort et on roule pour les derniers kilomètres sous
une pluie battante : on ne connaissait pas encore la "cape". Il fait de
plus en plus sombre, il tombe des cordes et on suit les indications du
téléphone, qui nous mène non pas à l'auberge de jeunesse... mais devant
la gare de Bad Bentheim, comme il sait le faire automatiquement. Alain
corrige l'adresse vaille que vaille sous un abri à vélo, on repart, on
remonte vers la ville. Le téléphone devient de plus en plus sensible à
l'humidité, indique par intermittence la direction, sans être très
précis. On "tourne en rond" et il faut se résoudre à interroger les
autochtones : un hôtelier du centre ville à qui s'adresse Alain, nous
renvoie à "perpète".
Après un premier tour dans de petites rue pavées, où mon attention avait
vaguement été attirée par une enseigne déjà connue, au deuxième tour,
le téléphone nous y
renvoie malgré tout et on repasse donc devant cette enseigne une
deuxième
fois et, là, je m'arrête pour lui dire "c'est ici" , les termes de
l'enseigne finissant par parler à mon cerveau détrempé : JHD , mais bien
sûr mon cher Watson !, JugendHerbergeDeutschland. Malgré nos allures de
chiens perdus et mouillés, nous sommes accueillis avec
chaleur, sandwiches préparés pour nous malgré l'heure avancée (on a
largement dépassé les 18 heures réglementaires) : la tempête continue,
mais des chants d'enfants vont accompagner notre dîner ! le
bonheur,quoi!
- le camping sauvage :
le téléphone peut tout prévoir ...sauf l'imprévisible. Nous avions
passé une belle journée ensoleillée qui devait se terminer par un petit
voyage en bateau du bout de la presqu'île d'Hel jusque Gdansk - regardez sur la carte
la longueur de cette presqu'île toute fine comme une grande virgule, laissant place, comme celle
de Quiberon, à la route, au train, à la piste cyclable et aux campings.
Elle est longue de 40 kilomètres et c'est beaucoup pour des cyclistes en
fin de journée, surtout les derniers kilomètres en forêt et sur une
piste quasiment impraticable pour nos vélos. Arrivés à Hel, le dernier
bateau pour Gdansk est déjà parti et, de toutes façons, il était plein :
les habitants de Gdansk viennent passer là une journée sur les plages.
Il reste un bateau pour Gdynia à 19h : Gdynia et Gdansk devaient être
séparées il y a quelques années, mais aujourd'hui en série les ports de Gdynia, la ville, les
chantiers de Gdansk et la ville de Gdansk forme une métropole urbaine d'au
moins 50 kilomètres sans arrêt. Une bière d'attente, une deuxième
bière, encore un orage et...en bateau jusque Gdynia : une petite heure de traversée agréable.
C'est
le match "Pologne/je ne sais qui" et la Pologne vient d'inscrire le
premier but (il s'avèrera plus tard qu'elle sera battue aux tirs aux buts), on
hurle dans les rues, il est un peu plus de 20 heures. Nous nous mettons
en quête d'un hôtel un peu à l'extérieur du centre ville. Le téléphone
nous guide vers un hostel, complet : le propriétaire en sort pour faire
un tour à vélo et nous annonce "qu'il y a des millions de gens" en ville à
l'occasion d'un concert et qu'il n'y a aucune chambre de disponible,
sauf, peut-être, les grands hôtels du centre ville. "Des millions", il
exagère sans doute un peu, se dit-on. Retour au centre ville où trône un
grand hôtel Mercure : Alain en sort dépité, car il n'y a pas de chambre libre
et qu'il n'y en aurait même pas jusque Gdansk, lui a-t-on dit à
l'accueil.
Il est maintenant 22 heures, tout le monde est
rivé au petit écran, et nous sommes "à la rue". Il nous reste
globalement trois solutions : la gare de Gdynia, s'il y en a une,
trouver un camping sur la route de Gdansk encore à 30 kilomètres ou, et
c'est la solution qu'on va retenir, planter la tente que je transporte
depuis des centaines de kilomètres, discrètement dans un lieu public
avec un peu de verdure. On finit par en trouver un : il y a déjà une
vieille caravane dans un coin. On en cherche un autre à l'abri des
regards, de la rue et des immeubles qui l'entourent, à la lisière du
rideau d'arbre et du semblant de pelouse.
Je
n'ai pas perdu l'habitude de monter ma tente, mais il fait déjà nuit et
je tâtonne un peu, Alain n'ayant pas l'expérience ad hoc, "on ne peut
pas être bon partout"!, j'arrive à la monter avec son aide, on camoufle
les vélos. J'ai mon sac de couchage qui me protègera du froid pendant la
nuit, car on est encore échauffé de notre parcours urbain à vélo. Alain sera
obligé de se lever pendant la nuit pour s'habiller plus chaudement. Dire
qu'on aura dormi dans cet espace restreint, le dos à même le sol,
écoutant les bruits de la ville et les cris d'une femme qui "engueule"
quelqu'un juste à côté de nous, c'est beaucoup dire, mais au moins, on se sera reposé.
Au
petit matin, aucun chien, ni aucune bête ( à Nantes, les sangliers
approchent du centre ville par la rivière la Chézine) n'est venu
renifler autour de notre tente et c'est ayant mal dormi et pas lavés qu'on
démonte la tente et roulons vers le centre ville historique de Gdansk.
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